Une plainte déposée contre TikTok pour provocation au suicide, une première en France


Agée de 15 ans, la jeune Marie, harcelée à l’école, s’est suicidée le 16 septembre 2021 à Cassis (Bouches-du-Rhône). Ses parents viennent de déposer plainte contre le réseau social TikTok pour « provocation au suicide », « non-assistance à personne en péril » et « propagande ou publicité des moyens de se donner la mort », selon les informations diffusées lundi 18 septembre par Franceinfo et par BFM-TV. Le parquet de Toulon (Var) a confirmé auprès de la chaîne d’information en continu avoir reçu une plainte visant TikTok. Il s’agit d’une première en France.

Selon Franceinfo, qui a pu consulter la plainte, cette dernière a été déposée le 8 septembre contre le réseau social chinois. Une enquête est par ailleurs ouverte depuis près d’un an au sujet des faits de harcèlement scolaire qu’a subis la jeune fille avant sa mort.

Quelques semaines avant de mettre fin à ses jours, Marie, qui a été retrouvée pendue dans sa chambre par ses parents, avait publié une vidéo sur TikTok. Elle y évoquait son mal-être et le harcèlement qu’elle subissait.

Cette publication a engendré l’arrivée en masse dans ses recommandations d’autres vidéos sur le thème du suicide, en raison de l’« algorithme extrêmement puissant » du réseau social, selon Laure Boutron-Marmion, l’avocate des parents de Marie, interrogée par Franceinfo. Ces derniers estiment ainsi que le réseau social a joué un rôle dans la mort de leur fille, en la poussant à passer à l’acte.

Précédent au Royaume-Uni

« TikTok a évidemment sa part de responsabilité dans le passage à l’acte. Les plates-formes, les réseaux sociaux, jouent un rôle face à un adolescent qui est déjà en extrême fragilité psychologique du fait du harcèlement qu’il subit », a déclaré Laure Boutron-Marmion. Il est « incontestable que Marie était mal et qu’elle l’a exprimé très expressément » et, « par l’algorithme, l’adolescente a reçu en masse ces vidéos qui sont sur le même thème et qui ne peuvent que conduire à être encore plus mal », a-t-elle ajouté.

Alors qu’il s’agit de la première plainte en France contre TikTok pour « provocation au suicide », un précédent existe au Royaume-Uni. Après le suicide, en 2017, de Molly Russel, une adolescente de 14 ans, la justice britannique a reconnu, en septembre 2022, la responsabilité des réseaux sociaux Instagram et Pinterest dans le passage à l’acte de l’adolescente, estimant qu’ils y avaient « contribué » par le fonctionnement même de leurs algorithmes. C’était une première dans le pays.

Peu avant de mettre fin à ses jours, la jeune fille avait en effet consulté de nombreuses images liées à la dépression, à l’automutilation et au suicide. Des contenus similaires lui ont ensuite été automatiquement recommandés par les algorithmes des réseaux sociaux. Le père de la jeune fille avait déclaré, dans un entretien à la BBC, qu’Instagram « avait contribué à la mort sa fille ».

L’absence de modération de contenus sensibles sur TikTok est très souvent fustigée et mise en cause. En décembre 2022, une étude publiée aux Etats-Unis par le Centre de lutte contre la haine en ligne (CCDH) démontrait comment des contenus préjudiciables, dont des vidéos relatives à l’automutilation et aux troubles alimentaires, sont recommandés par l’algorithme du réseau social à ses jeunes utilisateurs.

Le Monde



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